Marché moto 2023 : Record de ventes de grosses motos en France !

Le Covid de 2019, les confinements de 2020, la fièvre acheteuse de 2021 et les tremblements industriels de 2022... Toute cette invraisemblable pagaille serait-elle enfin dernière nous ? Il semblerait bien, en ce qui concerne le marché français de la moto et du scooter en tout cas...

En 2023, 205 839 motocycles (motos et scooters de plus de 50 cc, hors cyclomoteurs donc) et tricycles (scooters à trois roues pour grands enfants pressés) ont trouvé preneurs sur notre territoire aux paysages somptueux... aux rues embouteillées et aux routes "radarisées" aussi, oui !

• Marché moto 2022 :  le bilan annuel complet sur MNC

Les lecteurs MNC Premium - qui, on les remercie tous, soutiennent activement leur journal moto préféré, son indépendance et son (im)pertinence ! - savent qu’il faut remonter à 2008 pour retrouver de tels chiffres sur le marché français. Pour mémoire, le cumul des immatriculations de motocycles et tricycles avaient alors atteint 213 856 unités, record absolu sur Moto-Net.Com qui dispose de 25 ans d’archives (voir les graphes en bas d’article) !

L’année suivante, la grande récession s’abattait sur toute la planète et dézinguait en France le marché des 125 cc, ces motos et scooters accessibles aux jeunes de 16 ans avides de liberté et aux automobilistes à la recherche d’un mode de transport moins onéreux et encombrant que la voiture, plus fiable et rapide que les transports en commun...

Grippés dans un premier temps par l’arrêt complet des déplacements en France, les scooters et petites motos ont ensuite été dopés par la crise sanitaire en raison de leurs nombreux et gros atouts face au coronavirus (lire notre Bilan marché global 2021). Mais ils n’ont toutefois jamais retrouvé leurs volumes de ventes d’il y a quinze ans. Idem pour les gros 3-roues qui visent la même clientèle de "scootomobilistes".

Concurrencés par de nouvelles formes de mobilité urbaine encore moins chères et énergivores, plus légères et pratiques, les 125 cc ont tout de même convaincus 58 605 français à signer un bon de commande en 2023 (-1,8 % comparé à la "bonne année" 2022), situant cette année-là sur le podium de ces douze dernières et belles, belles, belles années.

L’inflation impacte les petits ménages et petites cylindrées

MNC imagine également que les 125 cc ont été davantage touchés par l’inflation restée importante dans notre pays : l’INSEE vient de signaler dans son propre bilan annuel que la hausse des prix à la consommation en France a atteint +4,9% en 2023, marquant un infime ralentissement par rapport à 2022 (+5,2%), contre 1,6% l'année précédente.

Si les prix de l’énergie n’ont augmenté "que" de +5,6% en 2023 (après avoir flambé de +23,1% en 2022 !), ceux dans l'alimentation ont accéléré (11,8% après 6,8%) et ceux pour les produits manufacturés ont à peine ralenti (3,5% après 3%). Pour les ménages un peu juste financièrement, ce n’était toujours pas le moment de changer de Forza ou de Xmax, de Seventy ou de 125 Duke !

• Marché moto 2023 : le dossier spécial sur Moto-Net.Com

Tout roule en revanche pour les grosses cylindrées et leurs clients aux bourses bien garnies : 139 063 motos de plus de 125 cc (jusqu’à 1800 cc pour la GoldWing, voire 2,5 litres pour la Rocket III !) et maxiscooters (560 cc pour le roi Tmax, 750 pour ces rivaux Forza et X-Adv) ont été vendus par les concessionnaires français, balayant ainsi le record instauré au lendemain de la pandémie (133 403 immats en 2021).

Nos compatriotes ont toujours soif d’évasion et de dépaysement... "L’année 2023 est un bon cru pour le secteur des opérateurs de voyages et plus généralement pour le tourisme", observe justement Valérie Boned, présidente des Entreprises du Voyage, "les Français ont été plus nombreux à voyager, ils sont partis plus loin et ont dépensé plus qu’en 2022".

MNC souligne que cette année "marque le retour des voyages long-courrier (+19% en nombre de dossiers, +34% en volume d’affaires)", et à l’inverse, enregistre un repli de la "destination France" avec "un recul de -4% du nombre de dossiers pour un volume d'affaires resté stable"... grâce aux motards aux gros cubes et aux gros porte-monnaies qui parcourent l’Hexagone, notamment ?

"Cette évolution s’explique en grande partie par une hausse générale du panier moyen, due à l’inflation notamment à l’augmentation du prix des billets d’avion, et au désir très ancré de partir en voyage pour ceux qui le peuvent", précise la représentante de 3500 experts du tourisme (tour-opérateurs, distributeurs et assembleurs de voyages, etc.)

• Vaste remaniement du marché moto au premier semestre 2023

Les motards qui pouvaient se permettre de changer de moto l’ont fait en 2023, motivés par l’arrivée sur le marché du motocycle de nombreuses et alléchantes nouveautés (nous y reviendrons)... et en compensation peut-être, de ne pas avoir pu investir dans l’immobilier ?!

Compte-tenu du "volume de transaction en forte baisse avec 928 000 transactions réalisées au cours des 12 derniers mois en France à fin septembre (1,13 million en 2022 sur la même période), on peut envisager entre 850 000 et 890 000 transactions", estimaient les Notaires de France en décembre dernier lors de l'opération "les 4 jours du logement".

L’immobilier dans le dur, les gros cubes carburent

"Les prix qui n'avaient plus connu de baisse depuis l'année 2015, amorcent une baisse sur l'ensemble de la France et de façon plus marquée sur l'Ile-de-France"... Faute d’acquéreurs et en raison principalement des crédits plus difficiles à obtenir auprès des banques ! Un problème qui ne touche pas les - motards - français aisés.

Après un premier semestre record sur MNC (pas loin de 80 000 immatriculations en six mois !), les grosses cylindrées ont enregistré leur meilleur second semestre avec 59 397 cartes grises émises (+13,1 % Vs 2022). Non, le Journal moto du Net n’oublie pas les six derniers mois de "déconfinement" de 2020 exceptionnellement hauts, mais les met volontairement de côté en raison du premier semestre confiné.

Les performances des motos et maxiscooters sont d’autant plus remarquables que ces gros cubes ne sont pas - autant - dopées que leurs cousines à quatre roues qui, selon la Plateforme de la Filière Automobile, affichent une progression supérieure : "+16,1%, soit la plus forte en pourcentage depuis une dizaine d'années". Certes.

La PFA signale que "cette performance, imputable surtout à un effet de rattrapage après les perturbations récentes liées aux approvisionnements de puces et aux difficultés logistiques, n'éclipse pas le fait qu'en volume absolu, le marché reste toujours loin d'avoir retrouvé ses niveaux d'avant-Covid".

• Guide MNC des nouveautés moto 2024

Pour mémoire en effet, "en 2022, les immatriculations de voitures neuves avaient baissé de -7,8% à cause des pénuries de semi-conducteurs, après avoir stagné en 2021 et chuté de plus d'un quart en 2020 du fait de la crise sanitaire". Malgré son rebond à 1,8 millions d’unités, le marché français de l’auto reste donc loin des 2,2 millions enregistrées en 2019.

"Les inconnues planant sur l'année qui s'annonce restent nombreuses avec les tensions géopolitiques et le contexte inflationniste, qui pèsent sur le moral des ménages, sans oublier les incertitudes alimentées par les changements dans les aides publiques à l'électrification", conclue la filière.

L’avenir des motos et scooters paraît plus radieux, car les deux-roues motorisés sont pour l’heure - et heureusement ?! - tenues à l’écart du dispositif bonus-malus environnemental... Le secteur électrique encore embryonnaire ne dépend pas des subventions. Le marché dépend avant tout des nouveautés 2024... aussi stimulantes que celles de 2023 ? Affaire à suivre sur MNC : restez connectés !

Pour mémoire, les données de 2004 à 2013...