Umberto Uccelli : la clientèle Zero Moto est de plus en plus jeune

Moto-Net.com : Tracté par les gros cubes (porté par le leader en particulier...), le marché français du motocycle a progressé de +8,3 % sur l’année 2023... Vous attendiez-vous à une telle hausse ?
Umberto Uccelli (Vice-président Europe de Zero Motorcycles) : Nous sommes satisfaits du travail effectué par nos équipes commerciales et marketing sur l’année écoulée. Malgré une disponibilité des motos insuffisante pour répondre à l’ensemble de nos besoins sur le premier semestre 2023 et des prix élevés, nous avons réussi à trouver des solutions pour répondre à ces problématiques sur la seconde moitié de l’année. Le marché de la moto a donc bien résisté en France, c’est encourageant pour 2024 et la croissance de Zero en particulier.

• Record de ventes de grosses motos en France en 2023 !
• Les meilleures ventes 2023 de motos et scooters
• Le classement 2023 des constructeurs moto et scooter

MNC : La crise "sanito-industrielle" avait encore fortement impacté l’exercice 2022. Y a-t-il eu un effet ricochet sur 2023 ?
U. U. : Malgré une tendance à l’amélioration sur 2023, des effets se sont encore fait ressentir ici et là. Mais le principal d’entre eux et le plus durable est l’envolée des coûts du transport. Pour nous qui fabriquons nos machines en dehors de l’Europe, il était donc urgent de retrouver les niveaux habituels (ceux d’avant Covid).

La DSR/X nous a apporté la plus grande satisfaction

MNC : Dans votre gamme, quels modèles ont particulièrement bien marché en 2023 ?
U. U. : Plusieurs de nos modèles nous ont apporté satisfaction sur le marché français, mais de tous c’est la nouvelle DSR/X qui nous a apporté la plus grande et de loin. De tous les modèles produits jusque-là, c’est notre moto électrique la plus aboutie.

MNC : Lesquels ont davantage peiné et pourquoi selon vous ?
U. U. : Nos plus anciens modèles ont vu leurs ventes baisser sur 2023, mais quelque part c’est plutôt normal. En parallèle nous nous préparions à leur remplacement pour 2024. Et c’est effectif depuis novembre : nous avons dorénavant uniquement des modèles basés sur notre plateforme FST (la plus récente).

MNC : Comment se porte le marché de l’occasion dans votre réseau ?
U. U. : Notre marché de l’occasion se porte plutôt bien avec des modèles difficiles à trouver. Nous entendons parfois des craintes à propos des motos électriques d’occasion et de leurs batteries qui pourraient être moins performantes après quelques années. Pour répondre à cela nous garantissons 5 ans nos batteries. Il faut savoir qu’une batterie peut perdre en autonomie, mais il s'agit d'une réduction faible, très lente et progressive.

La connectivité est un argument très fort

MNC : Les cyclomoteurs n’attirent plus - beaucoup - les jeunes. Comment comptez-vous convertir les utilisateurs de trottinettes et vélos électriques, en des passionnés de moto ?
U. U. : Nous ne sommes pas vraiment concernés par ce phénomène chez Zero car notre gamme démarre avec des modèles 11kW (125cc), nous n'avons donc pas d’équivalent 50cc. En revanche, malgré le niveau de prix élevé de nos modèles, nous observons une clientèle de plus en plus jeune. De manière plus globale il est vrai qu’il y a un effet d'attraction pour l'électrique plus fort chez les jeunes et nous sommes même parfois témoins d’un nouveau phénomène : les voir débuter directement avec de l'électrique sans passer préalablement par une expérience thermique. Pour encourager ce dynamisme, nous travaillons beaucoup sur la connectivité et l'expérience utilisateur à travers notre application smartphone et le système d'exploitation Cypher 3+. La connectivité est un argument très fort surtout chez les plus jeunes et les fans de high-tech. Autre point tout aussi important : le design. Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de désirabilité des produits, ceux-ci doivent être beaux et dans l’air du temps. C’est pour cela que nous apportons un soin particulier au design de nos motos et de nos concepts, afin qu’ils nous aident à polariser au maximum l’attention vers notre marque.

MNC : Quel est pour vous le plus gros frein à l’essor de la moto électrique : tarif élevé, autonomie faiblarde (Vs thermique), infrastructures manquantes, motards réfractaires...
U. U. : Les points cités dans votre question illustrent parfaitement les obstacles que rencontre le développement des ventes de motos électriques, mais cela peut légèrement différer d’un pays à l’autre. Le prix, grâce aux subventions ou des aides dans de nombreux pays, n’est souvent plus un obstacle. Ensuite si l’on regarde le coût de possession et d’utilisation (carburant, entretien, assurance, paiement dans les zones réglementées...) les motos électriques deviennent réellement compétitives par rapport aux motos thermiques. La question de l'autonomie revient souvent mais hormis pour une petite partie des clients, elle est largement suffisante et permet de répondre aux besoins journaliers voir hebdomadaires de la très grande majorité. Du côté des infrastructures, elles peuvent manquer encore dans des zones rurales mais la situation s’améliore grandement d’année en année, dans la plupart des pays de l’UE, les villes et les parkings se sont équipés et continuent de s’équiper ce qui facilite l’utilisation d’une moto électrique au quotidien. Puis il y a les motards réfractaires, qui ont une grosse expérience de la moto thermique et pour qui la cohabitation avec une autre technologie de moto peut poser problème, en particulier dans les pays avec une forte tradition de la moto comme la France, le Royaume-Uni ou l'Italie. C'est pourquoi nous investissons beaucoup dans les roadshows pour faire essayer au plus grand nombre nos motos. La plupart des "vrais" motards qui ont eu l’occasion de rouler au guidon d’une Zero ont adoré, alors nous disons à tous : allez-y, testez-en une !

MNC : Dans quelle(s) mesure(s) les biocarburants et l’essence synthétique peuvent contribuer à sauvegarder les "bons-récents" moteurs techniques ?
U. U. : Les motos électriques apportent véritablement quelque chose de nouveau. Les sensations sont changées, il ressort une exaltation à piloter une moto électrique. Nous savons que lorsque l’on passe à l'électrique, c'est difficile de revenir en arrière. Alors même s’il y a eu d’importants progrès réalisés ces dernières années autour de la consommation, et des boîtes de vitesses etc. il n’en demeure pas moins que la fluidité, la puissance et le confort qu’apportent les véhicules électriques restent incomparables. Un peu comme si on comparait les fax aux emails ! La problématique du biocarburant est donc assez éloignée de notre façon de concevoir l’avenir de la moto.

Un peu comme si on comparait les fax aux emails !

MNC : Qu’illustre selon vous, le succès des marques européennes dans les championnats majeurs de vitesse (MotoGP surtout, WSBK et WSSP) et la perte de vitesse des japonais, voire leur désengagement pour certains ?
U. U. : Nous sommes heureux pour les marques européennes. Ce n’est pas facile d'atteindre les sommets. C’est très intéressant car certaines d’entre elles ont manifesté leur intérêt pour les motos électriques et investissent également dans les courses de motos électriques. Alors même si nous ne nous concentrons pas sur la compétition, nous accueillerons favorablement toutes les nouvelles arrivées (comme Ducati l'a annoncé) et les évolutions qu’elles apporteront ce qui aidera le marché de la moto électrique à grandir.

MNC : Quelles sont vos bonnes résolutions pour 2024 ?
U. U. : Continuer à être leader sur le marché des motos électriques et continuer à agir pour électrifier le plus grand monde de deux-roues motorisés. Il existe aujourd’hui des milliers de motos avec leur propre histoire. Nous les aimons aussi ! Mais dans leur catégorie, les motos électriques Zero sont simplement les meilleures.

MNC : Serez-vous au Salon de Lyon (du 7 au 10 mars), qui lance traditionnellement la saison ?
U. U. : Bien entendu, le Salon de Lyon est un rendez-vous important. C’est le principal événement français, il marque également le début de la saison, il réunit tous les acteurs de la scène moto et énormément de visiteurs, nous serons donc présents pour l’édition 2024 en mars. Nous attendons beaucoup de réactions autour de notre DSR/X encore une fois, mais aussi de nous nouvelles déclinaisons DS/S (permis A1) et DSR/SR (permis A2). Cette année notre gamme sera encore plus attractive et nous attendons beaucoup de monde sur notre stand.