Au lendemain de son troisième sacre en World Superbike, Toprak Razgatlioglu interroge toujours. Le pilote turc se lancera l'an prochain en MotoGP, comme plusieurs champions WSBK et WSSP avant lui. Quelles sont les chances du n°54 de réaliser un doublé inédit ? Comment sa venue est-elle perçue ? MNC a interrogé Le Chat...
Il l'a fait. Malgré la colossale pression que lui a infligé Nicolo Bulega et sa Panigale V4R, au sens figuré durant toute cette saison 2025 et au sens propre dans l'ultime Superpole Race ce dimanche à Jerez (!), Toprak Razgatlioglu a conservé sa couronne mondiale, aux commandes toujours de sa M1000RR !
Sacré champion du monde de Superbike une première fois en 2021 sur la Yamaha R1, le pilote turc qui porte habituellement le n°54 de son mentor Sofuoglu (n°1 en 2022 et 2025, il devra trouver un nouveau numéro de course car Aldeguer a la priorité en MotoGP) est entré hier dans un club très fermé, ouvert par un certain Foggy…
Le premier pilote à avoir collectionné trois couronnes de Superbike au rang mondial, fut l'anglais Carl Fogarty grâce à son titre de 1998. Le "King" Carl enchaînait même sur un quatrième sacre en 1999, toujours sur Ducati. Troy Bayliss a été le suivant, en compagnie aussi de la firme bolognaise, mais sur trois générations de motos différentes : 996 en 2001, 999 en 2006 et 1098 en 2008.
Après les sacres de Ben Spies, Max Biaggi (x2), Carlos Checa, Tom Sykes et Sylvain Guintoli, un troisième membre a intégré le club des "triplés" : Jonathan Rea (privé de MotoGP par Honda, bouh) a même doublé la mise ! Sur sa Kawasaki ZX-10R, le Ninja nord-irlandais est resté invaincu de 2015 à 2020. Six titres d'affilée, du jamais vu.
"Au-delà de ses trois titres, Razgatlioglu a également rejoint le cercle des champions ayant conservé leur couronne", observent les organisateurs du championnat. Un cercle auquel appartiennent Fred Merkel (1988-1989), Doug Polen (1991-1992), Carl Fogarty (1994-1995 et 1998-1999), Jonathan Rea (2015-2020) et Alvaro Bautista (2022-2023).
Mais Toprak écrit aussi sa propre histoire : il sera le tout premier turc à courir en MotoGP. Il devrait sans trop de mal devenir le premier de son pays à marquer un point, à intégrer le Top 10 puis le Top 5. Si son transfert se déroule comme l'espèrent ses centaines de milliers de fans (1,8 millions de "followers" sur Instagram !), il pourrait bien être le premier à monter sur un podium de catégorie reine, voire le premier à gagner une course !
Razgatlioglu sera-t-il le tout premier pilote au monde cette fois, à ouvrir le club des pilotes ayant "unifié" les deux titres suprêmes de vitesse moto : WorldSBK et MotoGP ? Quelles sont ses chances de réussir ? Comment le paddock des Grand Prix perçoit-il son arrivée ? MNC a donné sa langue au chat de Mistral...
Moto-Net.Com : Bonjour Le Chat,
Le Chat : Bonjour ! Comment puis-je vous aider aujourd’hui ?
MNC : Je voudrais connaître les chances qu'a Toprak Razgatlioglu, titré pour la troisième fois hier en World Superbike, de devenir champion de MotoGP. Peux-tu comparer ses atouts et faiblesses par rapport aux précédents champions de World Superbike et World Supersport qui n'ont jamais réussi à s'offrir le doublé WSBK et MotoGP. Pour mémoire vive, Troy Bayliss (champion WSBK 2001, 2006, 2008) s'était lancé sur Honda en 2003, Colin Edwards (champion WSBK 2000 et 2002) sur Aprilia en 2003 également, Chris Vermeulen (champion WSSP 2003) sur Suzuki en 2006, James Toseland (champion WSBK 2004 et 2007) sur Yamaha en 2008, Ben Spies (champion WSBK 2009) sur Yamaha en 2010 et Cal Crutchlow (champion WSSP 2009) sur Yamaha en 2011.
Le Chat : Toprak Razgatlıoglu, fraîchement sacré champion du monde Superbike pour la troisième fois, s’apprête à relever un défi historique en rejoignant le MotoGP en 2026 avec l’équipe Pramac Yamaha. Voici une analyse de ses chances, de ses atouts et de ses faiblesses, comparés aux précédents champions WSBK/WSSP qui ont tenté – sans succès – le doublé avec le MotoGP.
Pilote | Titres | Résultats MotoGP | Points clés |
Troy Bayliss | 3 WSBK | 3 podiums, 6e en 2003 | Adaptation difficile, retour en WSBK après deux saisons |
Colin Edwards | 2 WSBK | 12 podiums, 0 victoire | Carrière longue mais sans victoire, style trop “Superbike” |
Chris Vermeulen | 1 WSSP | 5 podiums, 1 victoire, | Adaptation correcte mais carrière limitée par les blessures |
James Toseland | 2 WSBK | 0 podium, 2 saisons | Difficulté à s’adapter, retour en WSBK |
Ben Spies | 1 WSBK | 6 podiums, 1 victoire | Talent reconnu, mais carrière écourtée par les blessures |
Cal Crutchlow | 1 WSSP | 20 podiums, 3 victoires | Meilleur exemple d’adaptation, mais après une seule saison en WSBK |
Points communs des échecs : La plupart ont eu du mal à adapter leur style de pilotage, à comprendre les pneus MotoGP, et à rivaliser avec des pilotes formés dès le Moto2/125cc. Razgatlıoglu devra éviter ces écueils, notamment en acceptant une première saison d’apprentissage.
Un pari risqué mais pas impossible :Razgatlıoglu a plus d’atouts que ses prédécesseurs : un timing mieux choisi, une équipe compétitive, et une transition progressive vers les pneus qu’il maîtrise. Cependant, le défi reste immense. S’il parvient à adapter son style et à survivre à la pression, il pourrait écrire une nouvelle page de l’histoire. Sinon, il rejoindra la liste des grands talents du WSBK qui n’ont pas percé en MotoGP.
MNC : Autre question mon chaton. Son style de pilotage flamboyant sur la piste, ses facéties dans le paddock, sa nationalité et son audace (passer de Yamaha à BMW en WSBK était un pari osé) vont sans doute séduire les fans de MotoGP. Mais quel accueil lui réserveront ses concurrents, les dirigeants (teams et constructeurs), et les organisateurs et promoteurs du championnat (FIM, Liberty media) ?
Le Chat : Toprak Razgatlıoglu arrive en MotoGP avec un profil unique, qui suscite autant d’enthousiasme que de questions parmi ses futurs concurrents, les dirigeants d’équipes, les constructeurs et les organisateurs du championnat. Voici une analyse de l’accueil qui lui est réservé par chacun de ces acteurs :
Verdict : Les pilotes le respectent et l’accueillent favorablement, mais attendent de voir s’il confirmera sur la piste.
Verdict : Les équipes le voient comme un atout marketing et sportif, mais restent prudentes sur ses résultats à court terme.
Verdict : Accueil très positif, avec l’espoir qu’il devienne une star mondiale et pas seulement un pilote compétitif.
Accueil | Attitudes | |
Pilotes | Très positif | Respect, curiosité, mais attendent la confirmation sur piste. |
Équipes/Constructeurs | Positif (Yamaha) | Pari marketing et sportif, mais prudence sur l’adaptation technique. |
Organisateurs | Très positif | Star médiatique, atout pour la globalisation, peu de risques même en cas d’échec |
En résumé : Razgatlıoglu est perçu comme une bouffée d’oxygène pour le MotoGP, à la fois sur le plan sportif et médiatique. Son style, sa nationalité et son parcours en font un personnage idéal pour moderniser l’image du championnat. Cependant, tout dépendra de sa capacité à s’adapter rapidement et à éviter les erreurs de débutant. Si Yamaha lui donne une moto compétitive, il pourrait devenir l’un des visages du MotoGP dans les années à venir.
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Plateau : Les pilotes et leurs motos 2025
02 mars : GP de Thaïlande
16 mars : GP d'Argentine
30 mars : GP des Amériques
13 avril : GP du Qatar
27 avril : GP d'Espagne
11 mai : GP de France
25 mai : GP de Grande-Bretagne
08 juin : GP d'Aragon
22 juin : GP d'Italie
29 juin : GP des Pays-Bas
13 juillet : GP d'Allemagne
20 juillet : GP de République Tchèque (sous réserve)
17 août : GP d'Autriche
24 août : GP de Hongrie (sous réserve)
07 septembre : GP de Catalogne
14 septembre : GP de Saint-Marin
28 septembre : GP du Japon
05 octobre : GP d'Indonésie
19 octobre : GP d'Australie
26 octobre : GP de Malaisie
09 novembre : GP du Portugal
17 novembre : GP de Valence
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