La durée de l'épreuve du permis moto (A) va passer de 40 à 32 minutes à compter du 1er novembre 2025. Objectif ? Abréger l'examen pour compenser la pénurie d'inspecteurs et de places disponibles, tous permis confondus. D'autres mesures d'urgence sont appliquées, sans satisfaire les professionnels du secteur.
"Alors que la loi impose un délai maximal de 45 jours entre deux présentations à l’examen (article L221-5 du code de la route, NDLR) plus de 90 départements dépassent les délais légaux, et le délai moyen est aujourd’hui de 85 jours", dénonce l'Union nationale des indépendants de la conduite (UNIC). Cette situation sans précédent tend à s'intensifier pour plusieurs raisons pratiques.
D'une part, l'abaissement de l'âge du passage de l'examen du permis voiture (B) à 17 ans fait mécaniquement grimper les demandes de candidats. D'autre part, le nombre d'inspecteurs n'est pas suffisant pour traiter toutes les candidatures, à plus forte raison avec ces inscriptions en forte hausse ("+16,7% en cinq ans", selon l'UNIC). Plus de candidats, mais pas assez d'examinateurs : forcément, ça coince !
L'État - interpellé sur ce problème à de nombreuses reprises - s'est engagé à prendre les dispositions nécessaires, notamment en lançant une vague de recrutements d'examinateurs au permis de conduire cet été. Autre mesure qui concerne les (futurs) motards : la réduction de 40 à 32 minutes de la durée de l'épreuve du permis moto.
Le ministère de l'intérieur justifie cette décision par sa volonté "d'aligner le temps de passage du permis moto sur le permis auto", dans l'objectif assumé de "réduire les tensions et les délais d'attente". Cet allègement de huit minutes, qui entrera en vigueur au 1er novembre 2025, fait partie du "plan d'action ambitieux" du gouvernement sortant pour améliorer la situation des candidats au permis de conduire.
Autrement dit : faute du personnel nécessaire pour mener à bien sa mission de service public (article L221-3 du code de la route), l'État met un coup de rabot pour en optimiser le débit. La quantité plutôt que la qualité, en somme, soit la stratégie devenue prépondérante dans tous les domaines. Y compris, voire surtout, dans la formation…
Le ministère de l'Intérieur, par la voix de son ministre démissionnaire François-Noël Buffet, préfère retenir les effets, selon lui, "positifs et concrets" de ses actions : "25% d'examens supplémentaires" se seraient tenus en août 2025 par rapport à la même période l'an dernier. Soit quelque 11 785 candidats présentés à l'examen le mois dernier !
Cette dynamique doit se poursuivre pour atteindre "80 000 places d'examen supplémentaires d'ici fin 2025", promet François-Noël Buffet qui dévoile d'autres mesures pour atteindre cet objectif (très) ambitieux : un "renforcement de l'accompagnement local par les préfets", accompagné d'une "réforme de fond" pour améliorer le taux de réussite ou encore une "mission d'étude sur le permis de conduire". Ah : une mission d'étude... Tout un programme !
"Au-delà des mesures immédiates, nous engageons une réflexion profonde pour améliorer durablement le taux de réussite au permis de conduire, en repensant le parcours d’apprentissage et en valorisant les bonnes pratiques, tout en garantissant la sécurité sur nos routes", assure le futur ancien ministre.
L'UNIC, reçue à l'Élysée le 12 septembre, se montre nettement moins enthousiaste devant les propositions et les promesses du ministère de l'intérieur : "si nos interlocuteurs partagent les constats, les décisions restent malheureusement bloquées par les contraintes budgétaires et l’absence d’un gouvernement, et donc du ministre compétent, en mesure d’agir", déplore l'Union nationale des indépendants de la conduite.
"Par ailleurs, si les mesures du "plan Buffet" sont en cours (dont 35 000 places supplémentaires déjà planifiées d’ici fin 2025 sur les 80 000 promises et le recrutement de 10 inspecteurs sur les 200 qui auraient dû être prévus), ces dernières demeurent insuffisantes face à une situation appelant des réponses structurelles", souligne-t-elle.
L'Unic appelle à un recrutement "rapide d'au moins 150 inspecteurs au permis de conduire", en plus des mesures déjà mises en place et d'autres propositions pour améliorer le taux de réussite. L'Union propose par exemple d'augmenter le temps de formation obligatoire, quand l'État - pris à la gorge financièrement - songe plutôt à des solutions inverses…
"Les auto-écoles, pilier du service public de la mobilité, rappellent qu’elles ne sont pas responsables de l’organisation des examens mais qu’elles en subissent les conséquences au quotidien", regrettent les organisations professionnelles des gérants d'écoles de conduite (Unic, Unidec, Mobilians) qui se sont mobilisées avec le Syndicat national Force ouvrière des inspecteurs (SNICA-FO).
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