Plus que 15 points...

Deuxième GP de la saison 2005 (lire Moto-Net.Com du 14 avril 2005), avant-dernier de la saison 2006 (lire Moto-Net.Com du 13 octobre 2006), l'épreuve du Portugal se disputera cette année juste avant la bataille du Pacifique composée des GP du Japon, d'Australie et de Malaisie.

Espérons que l'épreuve portugaise 2007 sera moins bousculée par les fortes variations climatiques auxquelles est exposée la côte atlantique au printemps ou en automne... Le vent quant à lui devrait toujours être présent. Il rendra la tâche plus difficile aux pilotes mais aussi aux pneus, le sable dispersé sur la piste limitant le grip tout en augmentant l'usure...

Ce week-end à Estoril, les pilotes du MotoGP fouleront donc une dernière fois le sol européen avant la grande finale - qui n'en sera vraisemblablement pas une... - début novembre à Valence. L'ambiance dans les tribunes portugaise promet d'être survoltée même si on attend beaucoup moins de spectateurs qu'en Italie ou en Espagne.

Enfin une course haletante ?

Sur la piste en tout cas, souhaitons que le spectacle soit aussi vivant que l'an dernier ! Car le GP du Portugal 2006 est sans conteste l'un des plus beaux Grand Prix de l'ère des 990 cc... (lire Moto-Net.Com du 16 octobre 2006)

Comment oublier cette course enflammée, son freinage à trois de front - Rossi, Roberts et Elias ! - au bout de la longue ligne droite (986 m) pour entamer le dernier tour, la victoire du jeune espagnol de 2 millièmes, mais aussi les télescopages de Stoner et Gibernau puis de Pedrosa et Hayden !

Voilà une piste qui pourrait enfin rompre la monotonie des trois dernières courses que Stoner a toutes gagnées en s'élançant de la pole, signant le meilleur temps en course et menant de bout en bout les 82 tours !

Très technique, Estoril est l'un des circuits les plus lents de la saison (153,7 km/h de moyenne pour Rossi lors de sa pole 2006) sur lequel, paradoxalement, les MotoGP atteignent des vitesses de pointes de premier ordre : 329,9 km/h l'an dernier pour Hayden !

Car en plus d'être asymétrique (neuf droits et quatre gauches), le tracé lusitanien possède une nature très contrastée. Après la longue ligne droite, les MotoGP s'engagent dans une portion lente et sinueuse où la gestion des gaz est - ou était, à cause de la gestion électronique ? - primordiale.

Les prises d'angle demandent également beaucoup d'attention : "le deuxième virage est un virage très difficile en dévers qui piège beaucoup de pilotes", prévient Casey Stoner. Puis les pilotes abordent une partie bien plus rapide, constituée notamment d'une cassure à droite se négociant "presque à fond en 990, donc ça devrait passer à toc cette année", ajoute le jeune australien.

Deux virages plus tard, les fêlés de vitesse déboulent dans la section la plus lente du circuit, avec pour point d'orgue la minuscule chicane qui oblige une fois de plus les pilotes à tomber le 1er rapport !

"Le flanc droit du pneu est vraiment sollicité à Estoril, surtout dans le dernier très, très long droite où les pilotes sont à pleine charge et restent longtemps sur l’angle maxi", conclut Jean-Philippe Weber, responsable de la compétition moto chez Michelin...

Tous derrière les bleus !

Athlétisme, rugby, football... Les Français montrent certains signes de faiblesse dernièrement sur le plan sportif ! Et si le MotoGP permettait à notre pays de relever la tête ?

Car Sylvain Guintoli sur sa M1 chaussée de Dunlop pourrait bien surprendre son monde ! L'an dernier en effet, avec le même type de matériel, Carlos Checa avait terminé la course portugaise en 7ème position après s'être élancé de la 9ème place sur la grille...

Ces belles performances devraient donc offrir à Sylvain un regain de motivation et de confiance non négligeable, le pilote drômois ayant déjà obtenu des résultats similaires à Estoril lorsqu'il courait en 250cc...

De son côté, Randy de Puniet est monté trois fois sur le podium d'Estoril en 250. Il tâchera donc de faire oublier sa piètre performance de Misano (lire Moto-Net.Com du 3 septembre 2007), où le français a effectué des tests "très constructifs" le lendemain de la course...

"J'ai essayé un nouveau bras oscillant et j'ai immédiatement eu un bon feeling, donc j'espère l'utiliser au Portugal", précise le n°14 du team Kawasaki Elf. Entre la puissance de la dernière version du moteur Kawa et l'agilité de sa Ninja, espérons que Randy fera des étincelles... Et les bonnes cette fois !

Notons que ce dimanche, le départ de la course de MotoGP est décalé à 16h15 (heure française) pour que le Grand Prix moto ne se déroule pas en même temps que le GP de Formule 1. Les 125 partiront quant à elles à 12h et les 250 à 13h15.

Peu importe le lieu...

Dès ce week-end, Casey Stoner peut s'assurer le titre mondial ! Il suffira pour cela qu'au drapeau à damiers, le pilote Ducati possède 100 points d'avance sur ses adversaires, en l'occurrence Valentino Rossi et Dani Pedrosa, derniers à pouvoir se glisser sous cette barre...

Ainsi Stoner doit marquer 15 points de plus que Rossi sur lequel il possède pour l'instant 85 points d'avance et maintenir Pedrosa à distance, l'espagnol accusant déjà un retard de 103 points sur l'australien...

"Il nous reste cinq courses maintenant, peu importe le lieu où nous remportons le championnat du moment que nous l'obtenons", explique le n°27 du Team Ducati Marlboro, bien loin de nos considérations mathématiques.

Après tout, que ce soit à Estoril - où il a remporté sa première victoire en 250cc -, à Motegi - au pays de Honda, Kawasaki, Suzuki et Yamaha - ou à Phillip Island - chez lui ! -, la joie du jeune australien, de Ducati et de Bridgestone sera de toute façon la même !

Cinq sur cinq

Valentino Rossi, contraint d'admettre que le titre mondial lui a échappé pour la deuxième année consécutive, souhaite se consoler en remportant les cinq dernières courses de la saison !

"Honnêtement le championnat est quasiment hors de portée pour nous, surtout face à Stoner qui est si fort, donc nous allons placer toute notre énergie dans la conservation de notre deuxième place, essayer de gagner le plus de courses possible tout en poursuivant le développement de notre équipement pour l'année prochaine", détaille le Doctor.

L'italien courra donc de nouveau avec le moteur Yamaha équipé du dispositif de rappel de soupape pneumatique, en priant pour que ce dernier ne fasse pas des siennes comme il y a deux semaines à Misano... Et que la casse n'ait eu officiellement aucun rapport avec le nouveau système de distribution, il n'en demeure pas moins qu'elle reste une casse.

Autre grosse incertitude pour Valentino ce week-end : les performances de ses Michelin ! Car si l'an dernier les Bridgestone avaient beaucoup souffert au Portugal, il faut s'attendre cette année à ce que le manufacturier marche très fort, comme sur toutes les pistes rencontrées jusqu'à aujourd'hui, à l'exception seulement du Sachsenring.

De vrais progrès chez Michelin ?

Heureusement pour Vale, les tests effectués au lendemain de la course de Misano semblent avoir donné du baume au coeur chez ses camarades Michelin...

"Nous avons progressé de manière significative, et plus particulièrement grâce aux pneus avant qui procurent une plus grande stabilité sur les freinages et une meilleure accroche sur l’angle", témoigne par exemple l'expérimenté Carlos Checa, pilote du Team LCR et meilleur pilote chaussé par le manufacturier français à Misano : 6ème, en l'absence il est vrai des pilotes Repsol et de Rossi himself...

Un constat appuyé par Colin Edwards, le coéquipier de Rossi au sein du Team Yamaha Fiat : "il semble que nous ayons vraiment trouvé quelque chose avec Michelin et je crois que tout le monde a senti que nous faisions enfin de vrais progrès", note l'américain.

Or quelques semaines plus tôt à l'issue des essais de Brno, cette même Tornade texane avouait volontiers - de concert avec le Doctor - ne pas avoir trouvé le "pneu miracle" (lire Moto-Net.Com du 23 août 2007). Réputé pour son franc-parler, se pourrait-il que Colin - comme ses camarades - revienne au premier plan dès ce week-end grâce aux dernières trouvailles du Bibendum ? Réponse dimanche après-midi...

Cela ferait bien les affaires du team Honda Repsol, dont la dernière course italienne a tourné au fiasco dès le deuxième virage... Une déception qui en rappelle inévitablement une autre encore plus vive : celle d'Estoril en 2006 ! (lire Moto-Net.Com du 16 octobre 2006)

Une saison après...

"Je souris en y repensant", explique aujourd'hui Nicky Hayden. "J'ai vu mon rêve de couronnement s'éloigner pendant ma chute", se souvient parfaitement le champion du monde en titre, pour qui il sera "plaisant" de revenir au Portugal !

"La météo est toujours imprévisible, ce qui rendra la sélection du jeudi vraiment cruciale", remarque à juste titre le Kentucky Kid. Exposé à une pression bien moindre que l'an dernier, le Number One essayera avant tout de se faire plaisir. Avec 92 points au championnat, que faire d'autre ?

Si le titre est également perdu pour son coéquipier Dani Pedrosa, la place de vice-champion en revanche reste à sa portée ! "L'objectif est de continuer à se rapprocher de la deuxième place au championnat", expose l'Asimo espagnol qui compte toujours 18 points de retard sur Rossi.

Mais pour revenir sur l'italien ce week-end, le jeune espagnol devra sortir le grand jeu car les stats jouent en sa défaveur : Vale est monté sur le podium d'Estoril ces sept dernières années tandis que Dani ne l'a jamais gravi de toute sa carrière... Oups, ne jamais dire jamais !

Côté Bridgestone, le moral est au beau fixe malgré des résultats décevants l'an dernier : "les pilotes Bridgestone de manière générale ont peiné car nos pneus ne leur ont pas fourni l'endurance suffisante pour couvrir l'ensemble de la course, en partie à cause des complications dues aux parties de la piste resurfacée", se rappelle Hiroshi Yamada, responsable de la compétition moto chez le manufacturier nippon.

L'armada Bridgestone

Cette usure prématurée, la marque japonaise l'avait également observée l'an dernier sur les pistes de Doha, Istanbul ou Donington... Or force est de constater que cet handicap a été balayé cette année, laissant donc l'ami Hiroshi dans un état de sérénité maximal, d'autant plus que les Ducati, les Kawasaki et surtout les Suzuki marchent de mieux en mieux !

Quatrième et cinquième du championnat, deuxième et troisième de la course de Misano, les Suzuki Boys sont - après Stoner bien sûr - les révélations de l'année ! Trop éloignés de Stoner, il n'empêche que Vermeulen et Hopkins seront de sérieux adversaires pour le n°27... et de sérieux alliés pour les n°46 et 26 qui peuvent entretenir un brin de suspens...

Souhaitant faire de son mieux en cette fin de saison pour préparer sa course au titre 2008 (lire Moto-Net.Com du 13 septembre 2007), le sympathique Chris devrait à nouveau se placer aux avant-postes sur une piste qu'il a bien appréciée l'an dernier.

De l'autre côté du box, John sent la fin approcher... Engagé l'an prochain auprès de Kawasaki, l'anglo-américain qui court chez Suzuki depuis quatre ans se sent redevable : "les courses s'enchaînent et je veux vraiment cette première place avant la fin de la saison", déclare Hopper qui pense posséder la formule magique...

Avant de partir...

"J'aime bien le circuit d'Estoril et je pense qu'il conviendra à la dernière GSV-R. Si on ajoute à cela les excellentes performances et les progrès des Bridgestone, je suis sûr que nous pouvons viser le sommet", explique ce nouveau Harry Potter !

Autre pilote Bridgestone à vouloir briller une dernière - ou plusieurs ! - fois avec son team 2007, Marco Melandri convoite lui aussi les toutes premières places ce dimanche. "J'ai envie de remonter sur le podium comme à Laguna car ce serait une belle façon de récompenser mon équipe, qui a travaillé si dur et m'a tant apporté", explique le n°33 du team Honda Gresini.

Absent pendant trois courses cet été, Toni Elias récupère doucement de sa douloureuse fracture du fémur : "j'essaie juste d'améliorer mes performances course après course : j'ai terminé 11ème à Brno puis 7ème à Misano", rappelle l'étoile espagnole.

Celui qui avait soufflé la victoire à Rossi l'an dernier - une bataille à la régulière magistralement remportée de 2 millièmes et 5 points qui ont en partie coûté le titre au n°46 ! - ne pourra sans doute pas rééditer l'exploit qui lui avait assuré son guidon en 2007... Que se passera-t-il donc en 2008 ?

Douzième de la course l'an dernier, Loris Capirossi s'apprête - comme Hopkins et Melandri - à quitter son équipe. Jamais dans le coup à part en Turquie et en République tchèque, verra-t-on une dernière fois le diable rouge au style si agressif pointer sa Ducati n°65 en tête de course ?

"Estoril n'est pas une mauvaise piste, ni intéressante ni ennuyeuse, elle est tout de même étroite et bosselé donc elle est très exigeante physiquement", décrit Capi-T-Rex. "Une bonne partie du tracé est sympa mais le premier virage... c'est une blague ! Et je ne suis pas fan de la petite chicane non plus", poursuit le futur pilote Suzuki dont on finit par se demander s'il n'a pas passé l'âge de tourner en rond sur des "petits" circuits...

Les outsiders

Enfin, six autres pilotes auront à coeur de briller ce week-end : Anthony West, Shinya Nakano, Makoto Tamada, Kurtis Roberts et les deux Alex - Barros et Hofmann !

Le premier, remplaçant d'OJ depuis la mi-saison et titularisé chez Kawasaki pour 2008, n'a strictement rien à perdre. Anthony fait donc partie de ceux qui préparent d'ores et déjà leur prochaine saison : "lors des tests de Misano, nous avons modifié quelques réglages qui m'ont rendu immédiatement plus rapide et ont dissipé les problèmes de soubresauts que j'avais", prévient le n°13 des Verts...

De son côté, Shinya Nakano est davantage mis sous pression : "nous sommes arrivés à un moment de la saison où il nous faut obtenir de bons résultats pour continuer dans la même direction, ou bien alors réfléchir à une nouvelle stratégie pour l’équipe", lance Gianluca Montiron son team manager...

"Il est important que nous obtenions ce week-end un bon résultat avant le prochain Grand Prix au Japon, pays de notre pilote, de notre partenaire technique HRC ainsi que de notre sponsor KONICA MINOLTA", insiste lourdement l'italien tandis que Nakano espère rentrer dans le top10 ce dimanche, comme il l'a déjà fait par le passé...

Son compatriote Makoto Tamada est lui quasiment sûr de ne pas retrouver sa place chez l'équipe française Tech3 l'an prochain - l'arrivée officielle de Colin Edwards tarde à arriver - et aura bien du mal à se faire valoir face à des De Angelis ou Dovizioso, voire Guintoli ou Elias... Profite, Tamada San !

Quant à Kurtis Roberts, il lui sera impossible de jouer la victoire à l'image de son grand frère la saison passée. "Nous n'aurons pas beaucoup de changements pour le Portugal", regrette le jeune américain qui, pour ne rien arranger, s'est ouvert le pied après la course de Misano, loupant les tests du lundi...

Enfin, les deux Alex tenteront d'améliorer leurs prestations sur du matériel censé être quasiment identique à celui utilisé par le leader du championnat. Hofmann de retour de blessure aura une excuse, Barros non...

N'oubliez pas : la course de MotoGP débute exceptionnellement à 16h (heure française) ! Sinon, rien ne change sur Moto-Net.Com : rendez-vous dès lundi pour le "volta por volta" du célébrissime J. Arsouille... et tout le week-end en direct du Bol d'Or 2007 à Magny-Cours pour les passionnés d'endurance !