Misant sur une moto plus performante et une coupe au riche palmarès, la Hornet Cup n'a pas rencontré le succès escompté : Moto-Net.Com revient sur les raisons de l'annulation avec l'organisateur des coupes Honda, Philippe Gonod de la société Touch and Go.
Moto-Net.Com : Pourquoi la Hornet Cup 2008 est-elle annulée, malgré le succès des précédentes éditions de 1998 à 2004 ?
Philippe Gonod : La raison principale est le manque d'engagés : le minimum pour que le projet soit viable était de 25 participants mais a priori, au moment de la décision, les chiffres tournaient aux alentours de 15 à 20 inscrits potentiels. Dès lors, nous avons pris la décision avec Honda d'annuler plutôt que d'attendre le dernier moment et laisser des gens "sur le carreau". Historiquement, c'est la première fois depuis 1996 que nous sommes obligés d'annuler une coupe Honda. Malgré tout, en parallèle on s'occupe de la Michelin Power Cup (compétition réservée aux débutants et se disputant en six courses avec la moto de votre choix, NDLR). Là aussi, nous avons été obligés d'annuler certaines formules (Roadster 600 et 1000) en raison du faible nombre d'engagés. Maintenant, il est vrai aussi que la Hornet Cup a peut-être souffert d'un manque de communication : par exemple, nous avons mis longtemps à sortir un calendrier définitif.
M.-N.C. : L'annulation de la Hornet Cup et celle des formules Roadsters de la Michelin Power Cup indiquent-elles un désintérêt de la pratique de la piste avec ce genre de motos ?
P. G. : Mon avis personnel est qu'effectivement, la majorité des gens intéressés par la Michelin Power Cup sont des pilotes qui roulent plus en sportives que sur des roadsters. Mais concernant la Hornet Cup, il faut plus la voir comme la digne descendante de la CB 500 Cup : une formule de base, avec une moto de base. Tout l'intérêt de cette compétition réside justement dans le fait qu'un pilote vraiment débutant n'aura à se préoccuper que de son pilotage, avant de s'attaquer à la mise au point de sa moto. Pour moi, la Hornet Cup représentait le tremplin idéal pour le jeune qui débute sur circuit, grâce à une machine intuitive et facile. Une fois assimilées tous les subtilités de la piste, celui qui désirait passer à la vitesse supérieure pouvait monter en French Cup et courir avec une 600 CBR taillée pour la course...
M.-N.C. : L'abondance de coupes de marques en France (French Cup, Aprilia Cup, Roadster Cup, Michelin Power Cup, Coupe Kawasaki…) n'a t-elle pas handicapé le retour de la Hornet Cup ?
P. G. : C'est difficile à dire, car malgré tout la Hornet Cup bénéficiait d'une bonne réputation : lors de son arrêt en 2004, elle comptait encore 48 pilotes engagés. Toutefois, nous avons déjà constaté que les années de lancement des formules sont toujours un peu mitigées : la première année de la French Cup était moyenne au niveau participation, puis la formule a fait son chemin. Maintenant, il est certain aussi que nous étions un peu sortis des esprits depuis l'arrêt de la Hornet Cup. En conséquence, les pilotes se sont tournés vers d'autres coupes de marques.
M.-N.C. : Selon vous, le design de la nouvelle Hornet n'a-t-il pas aussi pesé dans ce manque d'engouement ?
P. G. : Il est possible que la moto ayant eu du mal à s'imposer commercialement (lire le Bilan Marché 2007), cela se ressente sur l'utilisation en course. En 2007, il n'y avait qu'une seule Hornet engagée en Roadster Cup, ce qui prouve effectivement que malgré toutes ses qualités, la machine n'attire pas les compétiteurs. C'est un peu dommage, car derrière le critère de look (qui reste quelque chose de très subjectif), c'est vraiment une super moto qui possède de réelles aptitudes sportives !
M.-N.C. : N'était-il pas envisageable d'admettre les précédents modèles de Hornet, afin d'éviter d'obliger les intéressés à investir dans un dernier modèle, fatalement plus cher ?
P. G. : Non, car l'écart de performances entre les modèles était beaucoup trop prononcé. Que ce soit au niveau moteur et partie cycle, la nouvelle Hornet est bien plus aboutie et performante que l'ancienne. D'ailleurs l'an dernier, Eddy Bouvier roulait en French Cup et en Roadster Cup et il réalisait des chronos assez proches. Maintenant, c'est vrai qu'en Power Cup par exemple, tous les modèles jusqu'à 2000 sont acceptés. C'est forcément une contrainte en moins pour les candidats.
M.-N.C. : Comment a réagi Honda face à cette situation ? Est-il prévu de rediriger les candidats sur d'autres formules ?
P. G. : Honda a vécu cette situation comme un échec bien entendu, mais nous avons décidé de prendre nos responsabilités et donc d'annoncer l'annulation le plus tôt possible pour permettre d'inscrire en priorité les candidats intéressés vers la French Cup. De ce côté, tout s'est bien passé et l'annonce a été plutôt bien vécue par les pilotes inscrits.
M.-N.C. : Peut-on espérer un retour de la Hornet Cup en 2009 ?
P. G. : La porte n'est pas fermée bien sûr, mais rien n'est fait actuellement : il faut que nous en discutions avec Honda et que l'on voit ce qu'il en ressort...
.
.
.