La première Ronde du Brivadois a eu lieu les 26 et 27 mai autour de Brioude, capitale du Haut-Allier. Et malgré une communication plutôt discrète, 370 pilotes se sont déplacés à l'appel du MC Brioude. Dont notre envoyée spéciale au coeur de l'Auvergne !
La première Ronde du Brivadois a vu le jour le week-end de la Pentecôte, les 26 et 27 mai autour de Brioude, capitale du Haut-Allier, au coeur de l'Auvergne. Malgré une communication plutôt discrète, 370 pilotes se sont déplacés à l'appel du MC Brioude, l'organisateur.
Moto-Net.Com au coeur de la course ! |
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Le parcours, surprenant, s'est révélé plus sélectif qu'annoncé pour une épreuve de masse. Mais au final, une nouvelle classique d'enduro a vu le jour !
Obtenir un engagement sur une classique d'enduro (un enduro organisé sur deux à quatre jours hors championnat) est devenu un vrai parcours du combattant pour l'enduriste lambda, en raison de l'engouement pour ce type d'épreuves.
L'annonce de l'organisation d'une épreuve sur deux jours, dans la région de Brioude, berceau de l'enduro en France, a donc suscité l'intérêt dans un contexte où il est de plus en plus difficile de maintenir les épreuves locales.
Saluons donc comme il se doit l'initiative du Moto Club de Brioude et de son président, Pascal Missonnier, qui ont osé relevé le défi d'organiser une épreuve de masse, avec le soutien des élus locaux, et qui ont su réunir autour d'eux des partenaires et des bénévoles pour nous permettre d'assouvir notre soif de roulage.
Le MC Brioude a su également trouver un format de course rendant l'organisation pour le pilote plus facile que sur un tracé itinérant. La Ronde Brivadoise permet de venir faire son enduro "léger", sans structure d'assistance mobile. Le tracé, long de 240 km le samedi - et non pas 180 comme annoncé - et de 210 le dimanche, était réparti en trois boucles partant et revenant au même endroit qui sert de départ, de CH et d'arrivée.
Cette solution est incontestablement la meilleure pour tous les concurrents qui viennent sans leur frère, père, mère, copines ou copains pour les dorloter !
Dans le parc coureur, on pouvait rencontrer une forte majorité de pilotes "locaux", une bonne partie de refoulés du Trèfle Lozérien (les 1er ,2 et 3 juin) ou de la Rand'Auvergne (fin juin) venant de Bretagne, d'Alsace, de Savoie, du Centre ou d'Ile-de-France, ainsi que des pilotes venus faire "un bon coup de moto" dans une des plus belles régions de France pour le tout-terrain.
L'enduro est en effet une petite famille où l'on rencontre toujours une connaissance dès que l'on a un peu de bouteille dans le milieu du tout-terrain. Et l'ambiance est décontractée : qui n'a pas vu Joël, ex crossman, chercher une chaîne puis une couronne pour sa rarissime 250 CR endurisée ?
"Je ne roule quasiment plus, je viens pour le fun", explique Joël : "résultat, je n'ai pas eu le temps de préparer ma moto et je me suis aperçu un peu tard de l'état de la transmission... mais j'ai des bottes neuves ! Tu n'as pas une couronne de 250 CR ?"
De leur côté, Maryline et Patricia Marsallon se sont engagées pour leur première classique et espèrent bien finir ensemble et sans suiveur !
Le savoyard François de Grolée a pour sa part emprunté la 125 AJP de sa femme, laissant au garage sa Kramer de collection avec laquelle il fait le championnat d'enduro à l'ancienne. Quant à Thomas, jeune patron de Tom Off Road, spécialiste du tout-terrain, il se retrouve seul au milieu de ses copains, alors que Béné sa femme teste pour un magazine moto TT une randonnée en Roumanie. Trop dure, la vie de mari de journaliste !
Seul représentant de l'élite de l'enduro français à être présent, le team TM, dont l'importateur installé à Brioude ne pouvait pas manquer le rendez vous ! TM Racing a donc mis les moyens pour honorer cette nouvelle classique : impossible de rater le camion TM Racing et sa structure d'assistance du championnat de France.
Tous les pilotes élites TM étaient présents : Evrard Gutkin, Christophe Allaux, Thierry Berge et le vétéran Alain Boissonnade, ainsi que Julien Vincent qui a délaissé le temps d'un week-end sa TM du championnat supermotard.
Mais quelle fut ma surprise de croiser Alice Genest, multiple championne de France et brivadoise, qui le week-end précédent me confiait les larmes aux yeux devoir interrompre le championnat de France et d'Europe en raison de sa cheville blessée cet hiver ! (lire Moto-Net.Com du 22 mai 2007).
Alice est venue sur la Ronde Brivadoise en mission de représentation pour TM Racing et pour donner un coup de main aux bénévoles du club. "Je vais faire la course sans forcer", explique-t-elle à Moto-Net.Com : "je me sens obligée de rouler pour TM et pour le club, en plus j'ai le numéro 1. Mes parents n'étaient pas d'accord, je leur ai promis : après je me soigne !"
Alice, qui a l'enduro dans le sang, termine à la 81ème place, remporte le classement par équipe avec TM et bien sûr la première place féminine.
La Ronde Brivadoise a surpris !
Les dernières épreuves organisées par le club - comme celle d'octobre dernier en associant enduro à l'ancienne et féminines -, la volonté de privilégier la beauté des parcours et l'intérêt technique sans tomber dans le hard, le descriptif du MC Brioude et l'idée d'une nouvelle classique laissaient imaginer deux jours d'enduro où on peut prendre le temps de vivre et d'apprécier le parcours, tout en pouvant arsouiller dans les spéciales...
L'Auvergne, une région qui a de la ressource ! |
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La réalité s'est avérée bien plus coriace : plus de huit heures théoriques de roulage pour boucler les trois feuilles du trèfle et les six spéciales, avec des temps de liaison serrés. Et pour corser l'affaire, les averses du samedi ont rendu le dernier CH encore plus sélectif...
Ainsi samedi soir, les commentaires allaient bon train dans le parc coureur. Ressemblant plus à un enduro de ligue qu'à une virée sans stress, les impressions étaient plutôt variables : "j'ai la même chose chez moi, ça fait cher le déplacement", estime un non Auvergnat. "On a fait une épreuve régionale équivalent aux trois tours de la catégorie Ligue 1", ou encore, de la bouche d'un jeunot plein de vitalité et ayant pleins de choses à prouver au monde entier : "super, ça c'est du bel enduro" !"
Pour pointer à l'heure, mieux valait de pas traîner... Samedi, la majorité des pilotes se sont fait surprendre au CH1 en prenant un peu trop leur temps à la sortie de la première spéciale.
Ce premier secteur chronométré, tout en dévers avec une partie en sous-bois glissante et pentue propice au bouchon, était certainement la plus belle des spéciales techniquement, mais assez angoissante pour les moins affûtés !
Le deuxième CH, avec deux spéciales banderolées, aurait pu être plus cool car moins technique, mais sa longueur et les ronds autour de Brioude ont encore obligé les concurrents à ne pas perdre de temps. A croire que le temps des deux spéciales n'avait pas été décompté...
La troisième boucle était sans discussion la plus technique, avec des chemins en sous-bois et des montées empierrées typiques de l'Auvergne, le tout bien arrosé des pluies de la semaine... Et là, il fallait franchement mettre du gaz dans la liaison et surtout ne pas avoir de galère pour rester dans les temps ! L'enduro se terminait par une petite boucle dans la périphérie de Brioude et un dernier passage en spéciale banderolée située dans la ZI de Brioude.
Dimanche, les pilotes avertis sont rentrés dans la course avec un autre esprit, tel Jean-Charles Bidégaray, "liguard" breton et vainqueur 2005 du Trophée de France d'enduro à l'ancienne : "hier, j'étais là pour faire une classique cool et j'ai fini la journée déçu par ce que j'ai trouvé. Aujourd'hui, j'ai mis la tête sur le programme enduro et j'ai roulé gaz ! Il suffisait de le savoir"... Jean Charles termine 34ème vétéran.
A l'affichage des résultats et à la remise des prix, les sourires sont heureusement revenus... comme toujours en enduro : au début on en bave, mais on oublie vite !
On retrouve ainsi François, le collectionneur de Kramer : "j'ai fini avec la 125 AJP stock de ma femme, je suis vraiment surpris par les capacités de cette moto dans le difficile, même si j'ai fait bien attention. Car vu le parcours, arrivé au bout avec cette machine, c'était pas gagné !"
Sans surprise, le Team TM rafle les premières places, mais coup de chapeau à Wilfried Bresson qui rallie l'arrivée au guidon de sa Yamaha 50 cc : du haut de ses 14 ans, le gamin a du tempérament ! Quand on lui demande comment il fait dans les ornières avec la 50cc, il répond du tac au tac : "fastoche, t'accélères !"
La Ronde Brivadoise doit encore trouver ses marques mais on est confiant : avec son expérience, le club devrait améliorer les points discutables de la première édition.
On regrettera l'insuffisance de marshals et de CP (points de contrôle de passage), qui a permis des incorrections notoires de la part de certains pilotes : 240 km représentent un énorme parcours pour une organisation et les temps trop serrés incitent à la fraude...
Mais quel que soit l'objectif avec lequel les concurrents viennent faire une classique, l'organisation ne peut pas négliger ni le classement, ni l'équité. Nous le savons tous, l'enduro est une discipline où règne hélas la loi du "pas vu pas pris". Mais cet état d'esprit n'est pas satisfaisant, car tricher se fait toujours au détriment de quelqu'un, même sans titre de champion du monde au bout !
Mais à l'unanimité, le parcours, peut-être un peu trop long, était beau et diversifié. La première Ronde du Brivadois a donc enthousiasmé les plus expérimentés et les adeptes de l'enduro de "bûcheron", et laissé un sentiment mitigé chez ceux venus pour faire un beau coup de moto entre potes.
Chaque classique ayant son style, l'organisation a un an pour réfléchir au sien. Mais l'important est surtout d'annoncer la couleur et de s'y tenir. Rendez vous en 2008 !
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