Liberty Rider est une application mobile pour motards, qui surveille les roulages de ses utilisateurs et prévient toute seule les secours en cas de chute. Ses responsables se sont penchés sur leurs colossales données afin de repérer la géographie, la temporalité et les conditions d'accidents survenus en 2023 et 2024… À méditer, pour l'avenir.
C'est un fait incontestable : la moto est un engin dangereux. Quelles qu'en soient les causes, et nous y reviendrons plus bas, la chute guette tous les motards, sans exception. Comment diminuer les risques ? En prenant conscience de notre vulnérabilité, en partageant mieux la route avec les autres usagers… et en apprenant de nos erreurs du passé !
C'est justement ce que propose Liberty Rider, start-up toulousaine qui développe depuis 2016 une application mobile (du même nom) dédiée aux conducteurs de deux-roues motorisés et dont le but est de "venir rapidement en aide aux motards en difficulté et réduire l’impact des accidents graves grâce à la détection d'accidents via l'accéléromètre et le GPS" de leur inséparable smartphone.
Pour nous aider à mieux rouler, les responsables de l'appli ont mouliné leurs données collectées en 2023 et 2024 auprès de 67 738 utilisateurs, durant 7 692 232 roulages (des "rides", pardon) et sur 273 557 979 kilomètres. Et pour affiner leurs résultats, ils ont également soumis un questionnaires aux utilisateurs ayant subi une chute… non fatale, bien sûr. Pouf, pouf (Desproges, si tu nous lis).
"Un total de 863 répondants ont participé à l'enquête, en répondant à des questions portant sur les circonstances des chutes, précise Liberty Rider qui signale par ailleurs qu'en moyenne, "chaque utilisateur a enregistré 114 rides en 2023 et 2024, parcourant environ 4 038 km".
Le petit doigt de MNC nous souffle que les utilisateurs n'ayant pas sorti leur moto ou scooter une seule fois ces deux dernières années n'a eu aucun accident. Mais ce n'est pas du jeu. Et attention : selon cette étude, les motards qui observent une pause d'au moins deux mois sans rouler, s'exposent davantage (+65%) à un accident durant leurs quatre sorties suivantes.
D'une manière générale et "chaque année en France, les conducteurs de deux-roues motorisés (2RM) paient un lourd tribut sur la route", regrette Liberty Rider en citant les chiffres de l’Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière (ONISR) : les motocyclistes "représentent 22% des tués sur la route et comptent pour 34 % des blessés graves alors qu'ils ne représentent que 2% des usagers de la route". Gloups.
Mais "derrière ces chiffres préoccupants se cachent de fortes disparités selon les territoires et les types de trajets", constate l'application pour motards qui a relevé les régions et départements où le nombre d'accidents étaient les plus nombreux, et a calculé lesquels étaient les plus dangereux en tenant compte du nombre de km parcourus…
"Ainsi, les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Île-de-France et Occitanie affichent les volumes d'accidents les plus élevés", observe Liberty Rider, avant de relativiser et conclure que ce sont "la Provence-Alpes-Côte d'Azur (qui) se classe alors en tête des régions les plus à risque, suivie de près par Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie". Le Journal moto du Net pressent qu'une corrélation entre virages et danger ne serait pas à exclure.
En resserrant la focale, l'étude avertit que "les départements où les volumes d’accidents enregistrés par Liberty Rider sont les plus élevés sont le Rhône (69), la Gironde (33) et les Bouches-du-Rhône (13)". Mais en mesurant "le risque d’accident par million de km de rides, d’autres résultats apparaissent : 1er l'Hérault (34), 2ème les Alpes-Maritimes (06) et 3ème le Rhône (69)"…
Les motards doivent-ils donc redoubler de prudence lorsqu'il transitent par ses zones ou lorsqu'ils s'y rendent ? Assurément. Mais l'étude fait ressortir un point - très - intéressant : dans 71,2 % des cas, les accidents surviennent dans le département de résidence de l’utilisateur, mettant en lumière la nécessité d’un travail de prévention localisé, au plus près des habitudes de conduite", conseille Liberty Rider.
L'enquête plus poussée auprès des motards accidentés corrobore ce point, puisque 63% d'entre eux déclarent avoir eu leur accident sur une route familière. Pour un quart de ces malheureux motards tombés, les conditions météo étaient défavorables... ce qui tend à prouver qu'il faut aussi se méfier du beau temps !
Les rapports sur ces accidents indiquent aussi que ces derniers sont intervenus dans 40% des cas sur une dégradée, dans 23% à une intersection, 34,7% en virage, et 46% lors d'une collision. Celle-ci concerne les trois quarts du temps un autre élément mobile : à 84,4% une voiture, 8% un autre motocycle, 4,9% un animal, 0,9% un vélo et 0,9% aussi un transport en commun...
De même, l'enquête pointe du gant les périodes de l'année à risque accru. Sans grande surprise, les mois de juillet, août et septembre enregistrent le plus fort volume d'accidents (environ 12,5% des accidents annuels chacun), alors que la saison moto bat au plus fort. Méfiance donc, cet été encore. D'autant que les fortes chaleurs incitent certains à rouler - trop - léger, ce qui aggrave considérablement les blessures en cas de chute.
Quel est le mois le plus risqué à moto ? Novembre apparaît clairement comme le plus dangereux, avec une moyenne de 31,2 accidents par million de km parcourus, contre 26,9 en octobre et 23,4 en septembre. Les motards et scootéristes devraient davantage se méfier des routes glissantes - mais davantage praticables qu'en plein coeur de l'hiver - et de la nuit qui tombe (hum) bien plus tôt avec la fin de l'horaire d'été !
L'étude ajoute que "les accidents sont plus fréquents en semaine, notamment entre 6h et 7h du matin et à 15h, tandis que le week-end, le risque est plus élevé, surtout tôt le matin (6h-7h) et autour de midi". Cependant, le "risque maximum reste en soirée en semaine, entre 23h et minuit au regard du volume de rides parcourus sur ces heures".
De plus, l'application a permis de que les accidents intervenaient tôt lors des sorties, puisque "le risque et le volume d’accidents sont les plus forts durant les 15 premières minutes de ride, à la vue des volumes accidents enregistrés et des accidents / 100k rides".
Un tiers des problèmes interviendrait lors du premier quart d'heure, lorsque le pilote n'est pas encore bien (r)éveillé, installé à bord ou sûr de son itinéraire, ou bien parce qu'il est déjà pressé de terminer une petite course qui ne devait pas durer plus de 5 minutes, et qui se terminera finalement à plat ventre, aux urgences ou pire encore ?
Le Journal moto du Net souligne que les accidents n'interviennent pas pour autant tout près de chez soi ou de son point de départ (moins de 20% des cas), mais dans un rayon compris entre 10 et 20 km (30% des cas environ), soit lorsque l'excitation du départ et l'attention des premiers tours de roue (c'est bon , tout fonctionne ?) retombe. Aïe !
L'étude précise néanmoins que chez les nouveaux permis (41,3% des répondants à l'enquête) les accidents arrivent plus tôt : 21,8 % sur les dix premiers kilomètres et environ 13% sur les dix suivants. Moins matinaux, les "jeunes" permis (25-34 ans en majorité, Vs 45-64 ans pour les expérimentés... accidentés et étudiés) se font plus bobo vers 15h, et les trois quarts du temps sur une route qu'ils connaissent.
Enseignement précieux - pour Moto-Net.Com en tous cas -, Liberty Rider avance que "25,5% des accidents enregistrés concernent des weekend users". Or selon la même sources, ces "motards du dimanche" - et du samedi ! - ne représenteraient que 4,5% des utilisateurs de Liberty Rider.
Les motards, les "vrais" qui roulent toute la semaine et toute l'année, auraient 37 fois moins de risque d'avoir un accident. Oui, trente-sept fois ! Certains n'ont pas fini de se moquer. Cependant, Moto-Net.Com les encouragent plutôt à transmettre leurs petites astuces pour éviter les pièges de la route !
Autre apport de cette étude : le type de moto influe aussi sur l'accidentologie. Or non, les sportives ne seraient pas les faiseuses de veuves tant redoutées ! En haut du podium trône en effet un autre genre de machines à sensations : le supermotard "provoque" 38,4 accidents par million de km, contre 19,2 pour le scooter et 19,1 pour la sportive.
Sans tenir compte des distances parcourues, ce sont bien évidemment les roadsters qui sont le plus concernés par les accidents (47,5% des cas relevés par Liberty Rider). Mais ce sont aussi les plus achetés en France ! Il est parfaitement logique aussi de voir les trails "Dual Sport" s'emparer de la deuxième place (22,3%) devant les sportives (8,9%), immensément moins nombreuses à rouler malgré un sursaut des ventes de Supersport ces deux dernières années.
Il faudra donc surveiller de près les prochaines bilans que Liberty Rider ne manquera pas de communiquer ! Car au-delà de son utilité première (détection automatique de chute grâce aux capteurs du téléphone, permettant d'envoyer une alerte aux secours en moins de 5 minutes) et de ses fonctionnalités annexes (alertes aux virages dangereux, suivi de l'entretien de sa moto, créations et partage de roadbooks) Liberty Rider entend prévenir les accidents...
"Aujourd’hui, notre algorithme détecte un accident tous les 300 000 km parcourus par nos utilisateurs", indique enfin Emmanuel Petit, fondateur de Liberty Rider. "D’ici 2030, nous voulons diviser ce chiffre par deux. Mais la route ne se sécurisera pas à huis clos. J’invite constructeurs, assureurs, pouvoirs publics et associations à nous rejoindre pour transformer, ensemble, chaque trajet en victoire contre l’accident". Le message est passé, sur MNC !
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