Plus belle la vie !

C'est par une chaude journée de l'hémisphère Sud que notre premier contact aura lieu : 300 kilomètres en "terra australis incognita" au guidon de cette nouvelle XJ6 "Naked" doivent nous permettre de mesurer la pertinence des progrès réalisés par Yamaha. En ouverture, ce sont bien les dimensions réduites et le format ultra compact - malgré un empattement classique de 1440 mm - qui interpellent lors de la découverte de la machine.

Certes, les plus grands pourront soupirer face à cette ergonomie minimaliste, mais la prise en mains reste assez naturelle avec un triangle guidon, selle, repose-pieds qui n'appelle aucune critique particulière.

Au ralenti, le feulement très discret du quatre cylindres n'a rien plus grand chose à voir avec les rageuses vocalises de la R6 dont il est dérivé : la XJ6 se prend en mains avec simplicité et dès les premiers mètres, la délicatesse du sélecteur de vitesses laisse présager une tendance à la douceur, a priori en phase avec la clientèle visée.

Comme tout "quatre en ligne" de moyenne cylindrée, la poussée avant 3 500 tr/mn est contenue, procurant à la XJ6 une aisance de bon aloi en milieu urbain sans pour autant laisser un souvenir impérissable.

Essayée sans ABS, les étriers double pistons pinçant des disques de 298 mm dégagent un agréable sentiment de sécurité et répond avec fermeté - mais sans brutalité - à toutes les sollicitations du pilote. Malgré une fourche qu'on aurait préférée un cran plus ferme, la direction reste saine à basse vitesse, tandis que l'amortissement arrière affiche une certaine paresse.

Succédant à la ville, des petites routes de campagne - où se multiplient changements de rapports, accélérations soudaines et changements de cap - donnent l'occasion de tester la vivacité de cette moyenne cylindrée. La XJ6 redresse alors la tête à mi-régimes et dévoile un côté rageur et plaisant, spécialement dans les graduations comprises entre 6 000 tr/mn et 10 000 tr/mn.

Joyeuse sur petites routes, la partie cycle de la XJ6 démontre des qualités dynamiques de très bonne facture (malgré un réglage standard de la compression de l'amortisseur trop spongieux). Avec un avant facile à inscrire sur des trajectoires soumises à correction, elle assure parfaitement les freinages d'urgence à l'emporte-pièce.

Sur de longs relais, la fermeté de la selle associée à la mollesse de la suspension arrière punissent qui n'aura pas su se ménager des moments de repos, même si les presque 18 litres de carburant et la consommation acceptable à un rythme soutenu autorisent les grands trajets.

Équipée d'une instrumentation lisible et complète piquée sur la FZ6 et d'un optique qui promet une belle visibilité nocturne, la XJ6 respire une rigueur de fabrication plutôt flatteuse, démontrant par là-même qu'économie et finitions ne sont pas définitivement incompatibles !

Ainsi, l'ensemble des plastiques lisses ou en nid d'abeille, comme les vernis brillants ou satinés, ne souffrent d'aucune approximation et dépareilleraient pas sur d'autres machines plus "haut de gamme" !

Cette qualité, qui s'ajoute à une réputation d'assemblage Yamaha reconnue pour supporter avec les honneurs les outrages du temps, permet de pronostiquer aux XJ6 "Naked" et Diversion une longue carrière sans accroc et une capacité à rendre service sans faiblir.

Outre l'ABS, Yamaha propose toute une gamme d'accessoires créés pour cette nouvelle moto afin que chacun puisse l'équiper à son image. Dommage, au vu de sa vocation, que la béquille centrale fasse partie des options !

En outre, le manque de vie du moulin en dessous de 3 500 tr/mn pourra lasser les amateurs de sensations, alors que les adeptes du voyage et du style regretteront une selle peu confortable et un nuancier de coloris limité au blanc, jaune et noir sur la XJ6 et bleu, gris et rouge sur la Diversion.

Mais en ces temps de crise, l'effort de Yamaha visant à proposer une alternative économique (6 149 € sans ABS), crédible et séduisante aux ER-6N, Bandit 650, CBF 600 et autres Gladius ne peut être que salué !