Dans "Radars, la machine à cash", les journalistes Stéphanie Fontaine, Lizzie Treu, Jacques Duplessy et Antoine Champagne mènent une passionnante enquête sur le business des radars automatiques et les attributions surprenantes de ce très juteux marché... Explications.
Pendant 1h10, à la manière de Cash Investigation d'Elise Lucet, les journalistes de Reflets.info et du collectif Extra Muros s'attachent à comprendre comment certaines entreprises privées profitent du système des radars automatiques.
Au terme d'une enquête de plus d'un an, les journalistes évoquent des marchés publics "controversés" et des soupçons de corruption portés en justice par l'association Anticor.
Avec l'aide du député François Ruffin - par ailleurs auteur du film Merci Patron à voir absolument -, ils parviennent à pénétrer le Centre de traitement des amendes à Rennes où sont délivrés 90 000 PV par jour et où la presse n'est clairement pas la bienvenue...
Le film revient aussi sur la privatisation des voitures radars et les appels d'offres plus ou moins concurrentiels. Attribué à Fareco pour 45 millions d'euros sans appel public au motif que c'était la seule entreprise homologuée, ce marché aurait pourtant pu faire l'objet d'une mise en concurrence. Car comme le rappelle le prof de droit public Frédéric Allaire, cette homologation n'est nécessaire que pour l'exercice du marché et l'utilisation du matériel, pas au moment de la mise en concurrence pour l'achat des équipements... L'association anticorruption Anticor s'est emparée de l'affaire : à suivre...
Saluons aussi le grand retour de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, Gilles de Robien, Raphaël Bartolt, Rémy Heitz, Emmanuel Barbre et autres grands noms du Dossier spécial radars automatiques que nous tricotons patiemment depuis 2003 ! On retrouvera une certaine émotion le tout premier radar installé en France, celui découvert par MNC sur la N20 alors qu'il était encore sagement emballé dans son carton !
Notons ce moment particulièrement savoureux à la 21ème minute, quand la journaliste Stéphanie Fontaine appelle Nicolas Sarkozy sur son portable personnel et se voit recommander par l'ancien président visiblement outré de prendre "des cours de bonne éducation" !
Plus sérieusement, les journalistes ont épluché les documents budgétaires du Parlement et de la Cour des comptes qui aboutissent aux résultats suivants : depuis 2009, l'Etat a investi 2,5 milliards d'euros dans les radars automatiques pour un gain de 7,5 milliards.
Après avoir montré comment Sagem, grand gagnant de ce marché dès 2003, savait qu'il allait remporter l'appel d'ofres avant même qu'il ne soit officiellement lancé, le film décortique un rapport de l'Inspection générale de l'administration (IGA), classé confidentiel alors qu'ils sont habituellement publics...
Publié en mars 2014 et portant sur les "relations de l'ANTAI avec la société Atos", ce document( pointe les dérives du système en énumérant des "rentes de situation", des "prix élevés", des délais "intenables pour un nouvel entrant", une "mise en concurrence biaisée" et au final une administration "captive" dont les intérêts ne sont "guère préservés"...
On y apprend notamment que contrairement à son coeur de métier informatique, Atos (SS2I) gère l'intégralité du centre de Rennes, de la restauration aux décorations florales en passant par le ménage ! Elle fait donc appel à 25 sous-traitants, tout en facturant à l'Etat de confortables marges intermédiaires. "Le rapport de l'IGA décrit énormément d'illégalités et c'est pour cela que nous avons déposé plainte", résume Jérôme Karsenti, l'avocat d'Anticor.
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