La douzième et dernière épreuve du World SBK 2014 s'est disputée hier soir à Losail, au Qatar. Pour compléter nos comptes rendus en direct, voici les déclarations des pilotes Superbike ainsi que l'analyse Moto-Net.Com des deux courses qataries.
Résultats de la Ligue 1 de football et du Top14 de Rugby, doublé de Djokovic au Master 1000 de Paris-Bercy, départ de la (dé)Route du Rhum, triplé de Wilson Kipsang au marathon de New-York, dixième victoire de Lewis Hamilton en Formule 1...
L'actualité sportive est si riche ce lundi que le sacre de Sylvain Guintoli est relégué au second - dernier ?! - plan par les médias, même spécialisés dans le sport... Sur Moto-Net.Com en revanche, le pilote français fait la une depuis sa première victoire hier soir au Qatar, suivie quelques heures plus tard par un second succès synonyme de titre mondial !
Les amateurs français de vitesse moto se souviendront longtemps de cette soirée du 2 novembre 2014, de la parfaite maîtrise de Sylvain Guintoli et de son impressionnante RSV4 qui ne faisait qu'une bouchée de ses rivales au bout - voire au milieu, parfois ! - de la longue ligne droite des stands du circuit de Losail...
Dès vendredi, Sylvain gazouillait joyeusement : "bons sentiments ce premier jour à Doha, 3ème place. La nouvelle version du moteur testée aujourd'hui est une fusée" (voir la version originale en anglais et plus imagée ci-contre !).
Certes, Aprilia a fourni à ses pilotes une machine drôlement rapide : lors des qualifications, Melandri, Guintoli mais également Elias ont tous les trois dépassé les 325 km/h, quand le poleman Giugliano plafonnait sous les 316 km/h sur sa Ducati et que Sykes (4ème vitesse max) restait bloqué sous la barre des 319 km/h;;.
Cette vélocité étant doublée d'une fiabilité à toute épreuve, la marque de Noale mérite amplement son quatrième titre constructeur, obtenu à l'issue de la première manche qatarie face à Kawasaki. Mais la moto seule ne peut évidemment pas expliquer le succès de "Guinters".
Preuve irréfutable qu'il ne suffisait pas de disposer d'une Aprilia - même d'usine ! - pour dominer Baz, Sykes, Rea, Giugliano ou autre Davies : Marco Melandri est passé littéralement inaperçu lors de la première course (8ème) et a dû batailler ferme pour décrocher une lointaine 4ème place en seconde manche.
Le Hérisson de Ravenne avait pourtant écrasé la concurrence lors des deux derniers rendez-vous, et consenti à céder à son coéquipier "Guinters" sa première victoire à Magny-Cours. Mais ce week-end, Marco n'a été d'aucune aide pour Sylvain. Et le Frenchie se réjouit d'ailleurs de ne pas lui être redevable...
En effet, en devançant finalement Tom Sykes de six points au classement général (416 à 410), Sylvain ne doit pas à Marco - et à ses cinq points offerts en France - son sacre mondial ! "Gagner le titre de 6 points est symbolique, mais c'est extrêmement important pour moi après la récente controverse", martelait l'anglo-drômois à son arrivée.
À ce "titre" justement, le succès de notre n°50 en 2014 peut paraître plus légitime que celui de Max Biaggi obtenu en 2012 face à Sykes pour un demi-point... et grâce à Laverty, qui avait offert à son chef de file romain la troisième place de la première manche russe à Moscou.
La stratégie d'équipe et les consignes dictées cette année par le team Aprilia n'ont finalement eu aucun rôle positif - a posteriori - sur la lutte opposant Sykes à Guintoli. Ironiquement en revanche, elles ont coûté à Marco Melandri sa troisième place au championnat, Jonathan Rea le précédant sur les tablettes d'un minuscule point !
Chez Kawasaki, les consignes ont eu des conséquences plus désastreuses en termes d'ambiance cette fois... En refusant de terminer troisième de la première manche qatarie, soit derrière son coéquipier, Baz s'attirait les foudres de Sykes qui n'avait plus à "gérer" et rester juste derrière Guintoli, mais bien à le battre en seconde manche !
Au final, la deuxième place de "Bazooka" ne peut être tenue comme responsable de l'échec du Ninja anglais, ouf ! Le n°76 a donc bien fait de conserver son rang et de rendre hommage, à sa juste valeur, au travail fourni par ses mécanos tout au long de l'année...
Baz y tenait farouchement car il n'avait pas pu le faire il y a un mois lors de "son" épreuve française : le "Géant Vert" avait alors dû laisser passer devant lui le champion du monde 2013. "À propos des ordres d'équipe ! Moi au moins, je l'ai aidé une fois dans ma vie à Magny-Cours !", rappelait Loris hier soir sur sa page Facebook. "Il ne peut pas en dire autant"...
Ce matin, Tom Sykes admettait via Twitter que Baz l'avait aidé à Magny-Cours, mais répondait à son coéquipier que "mes données et réglages t'ont aidé lorsque tu as rejoint Kawasaki", que "les consignes étaient données par l'équipe et non par moi" et qu'elles étaient d'ailleurs "probablement décidées suite au bordel que tu as créé à Sepang, pour l'équipe et pour Kawasaki...". "Enfin, je te souhaite bonne chance pour la saison prochaine... Et félicitations pour ta "cinquième" place cette année. Tu dois être fier ?!", concluait-il amèrement.
Autant de déclarations qui n'apparaissent plus sur le compte officiel de "TheRealTomSykes"... celui-ci ayant préféré les effacer ! Pour tout oublier, définitivement ? "Je pense que beaucoup d'entre vous vous méprenez", rectifiait ce midi le pilote officiel Kawasaki à l'attention de ses détracteurs.
"Je suis bon perdant face au nouveau champion du monde Sylvain Guintoli, et ça ne me pose aucun problème", insistait le vice-champion 2014 qui a effectivement serré la main du n°50 lors du tour d'honneur hier soir et l'a de nouveau félicité dans le parc fermé.
"J'essayais de me défendre un peu face aux attaques de Loris Baz... Mais tant pis. Cela ne fait qu'empirer les choses", constatait Tom qui ne regrettera sans doute pas le départ de Baz pour le MotoGP la saison prochaine. Pas plus qu'il ne lui manquera, d'ailleurs !
Chez Aprilia en revanche, les séparations seront plus douloureuses... Sylvain Guintoli, qui estimait se sentir dans le team officiel comme "dans une seconde famille", est déjà officiellement parti avec sa plaque de Numéro Un sous le bras : direction le box Honda Pata !
"Un nouveau défi nous attend maintenant", signale de son côté Roberto Colaninno, président et administrateur délégué du groupe Piaggio. "L'entrée en MotoGP se concrétise avec un an d'avance par rapport à ce qui avait été initialement annoncé. Nous entrerons dans cette compétition mondiale avec le même état d'esprit: la dévotion et l'envie d'apprendre et de grandir".
Le grand patron italien n'oublie pas de complimenter son pilote "Guintoli qui a été exceptionnel" et ses hommes de l'ombre : "Romano Albesiano a fait un superbe travail. Avec son équipe, il a non seulement démontré sa capacité à faire des motos d'exception, mais aussi à relever avec succès les défis de la compétition sportive".
"Depuis le retour d'Aprilia en Superbike en 2009, la marque a remporté 7 titres mondiaux en seulement 6 ans", poursuit l'intarissable Colaninno. "Les deux titres d'aujourd'hui viennent récompenser les efforts d'innovation technologique du groupe Piaggio. Ce n'est pas un hasard si, en seulement dix ans, nous avons permis à Aprilia de remporter 28 de ses 54 titres mondiaux". Forza Piaggio !
Second champion du monde Superbike français - après Raymond Roche, il y a 24 ans ! -, Sylvain Guintoli reçoit aussi les "chaleureuses félicitations" de la Fédération française de motocyclisme (FFM), avec laquelle le pilote a fait ses débuts en compétition via "l'Equipe de France Vitesse Espoir en 2000 avant d'intégrer le team Equipe de France Grand Prix en 2001".
"Sylvain, qui accusait un retard de 44 points à trois épreuves de la fin de saison, était revenu à 12 unités du leader avant cette dernière course", rappelle la FFM. "Le tricolore a refait son retard et a pris la tête du classement en remportant avec panache les deux manches à Losail. Il obtient ainsi le titre mondial tant attendu".
Parfaitement appliqué et ultra rapide, le pilote français a décroché hier soir au Qatar le tout premier doublé de sa carrière. Ce résultat vient parachever une saison au cours de laquelle il a toujours franchi la ligne d'arrivée - même après sa bourde à Portimao ! - au sein du Top 10 (Top 9 !).
Moto-Net.Com rappelait hier soir que Sykes avait remporté le plus de victoires cette saison : huit pour Tom contre "quatre + une offerte par Melandri" pour Sylvain. Mais au bout de(s) compte(s), Guintoli est incontestablement le grand champion de cette année 2014.
Outre le classement général, d'autres statistiques prouvent que "Guinters" mérite son titre : il a gravi le même nombre de podiums que Sykes (16 sur 24) mais a été fréquemment plus rapide que lui en course (six records contre quatre) et a mené davantage de tours (128 contre 115 pour Sykes, 81 pour Melandri, 33 pour Baz, etc.).
D'un point de vue humain enfin, Mister Guintoli fait l'unanimité, notamment chez les pilotes britanniques. "Toutes mes félicitations au nouveau champion du monde et excellent gars par ailleurs Sylvain Guintoli" tweetait par exemple Jonathan Rea.
"Je ne pense pas avoir été aussi heureux pour un autre pilote que je ne l'ai été pour Sylvain Guintoli hier", témoignait le Gallois Chaz Davies. "C'est un bon gars entouré d'une jolie famille : il le méritait vraiment !"
"Sylvain Guintoli est digne d'être champion", estimait un peu plus tôt Leon Haslam qui quitte lui aussi l'équipe Honda et doit décider de son avenir ces jours-ci. "Bravo mon pote. Je suis tellement heureux pour toi et pour toute la famille".
"Comment te sens-tu Sylvain ?", lui demandait Tom Sykes, qui connaissait d'avance la réponse pour avoir été à sa place l'an dernier ! "Je suis sûr que tu apprécieras cette journée, entouré de ta famille. Tu avais un sacré rythme hier... Profite !"
Enfin, le "serial twitter" Loris Baz se demandait hier soir s'il n'était pas "le premier à prendre un selfie avec le champion WSBK 2014 ?" Moto-Net.Com confirme... Très rapide sur la piste, "Bazooka" était le premier à dégainer son smartphone pour se prendre en photo avec "notre" champion. Il ne sera pas le dernier !
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